La formule selon laquelle le monde des jeux vidéo ressemble à un chaudron en ébullition permanente a beau être juste, elle défie toutes les lois de la physique : plus le feu industriel est vif sous ce chaudron et plus il se remplit, au lieu de voir son contenu s'évaporer. Ce contenu, ce sont les jeux, bien sûr, mais aussi toutes les questions, idées, débats, prospectives, rêves, cauchemars, paniques et utopies qu'ils font éclore dans leur sillage. Parfois, des événements simultanés et concernant cette industrie se télescopent dans un superbe feu apparemment contradictoire, mais qui témoigne surtout de l'impressionnante vitalité, toute en instinct parfois mal dégrossi, du vibrionnant secteur. La question d'une certaine prise de conscience est sans doute l'une de celles qui émergent avec le plus de vigueur parmi les acteurs de cet univers. Au cours du dernier séminaire du Canyon des aigles (ranch hôtel du Texas où se tient annuellement le Project Horseshoe, la plus élitiste et secrète des réunions de game designers), les thèmes débattus croisaient souvent cette question de la responsabilité morale qui incombe aux développeurs et dont de nombreux analystes pensent que ce sera un thème politique et/ou polémique majeur des prochaines années (1). L'un des participants, Daniel Cook, à la fois chroniqueur régulier et insider de cette industrie, en a résumé la substance dans ces termes : «Ce qui m'a le plus impressionné, c'est la conviction profonde et parta
Jouer, c'est grandir un peu
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par Olivier Seguret
publié le 24 janvier 2008 à 2h03
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