Surtout, ne pas perdre de temps. Alors, vite, vite, avant que la ferveur s'éloigne avec la flamme olympique, accrocher le Tibet aux bannières de la promotion marchande. Avec ses bonzes en robe orange - la couleur de notre dalaï-lama à nous (je parle de François Bayrou) -, ses neiges immaculées et ses yacks éternels, le Tibet est une cause à puissant rapport promotionnel. Pas encore aussi consensuelle, certes, que la lutte contre le sida ou la mucoviscidose, mais ne désespérons pas ! Un Tibéthon viendra, ou plutôt cent, mille Tibéthons viendront, que la Toile démultipliera demain aussi bien que la télé fédéra hier son Audimat avec ses bonnes actions. D'ores et déjà, le Tibet est une enseigne (mais ce pourrait aussi bien être «Ingrid», les enfants soldats tamouls ou talibans, ou les bébés canards gavés au maïs transgénique.).
Lundi, le Tibet passait par Paris, et mardi, sur nos écrans bombardés de pubs autant que le gréviste chinois de mitraille - car on tire à balles tous les jours, dans les champs, les mines et les usines de l'empire du Milieu -, Manifone et ING Télécom l'annexaient. Respectivement «opérateur alternatif (sic) de téléphonie innovant (sic)» et «vendeur en gros de minutes [de téléphonage] à l'international», Manifone et INGTélécom prostituent à leur commerce l'exotisme des droits de l'homme numérique via leur opération baptisée «Appels vers le Tibet offerts». Sous ce caritatif intitulé, les deux malins font mousser leur raison sociale