Le Monde en grève. L'édition datée de mardi ne sera pas en kiosques pour protester contre un plan drastique de suppressions de postes. Cette décision, votée mardi à la majorité en assemblée générale sans barguigner une seconde, est historique. Une fouille dans le passé du journal a mis au jour un unique arrêt de travail en 1976, mais pour protester contre la mainmise du groupe Hersant sur France-Soir.«La grève est à la mesure du plan de redressement très dur de la direction», dit un journaliste. Durant la semaine qui a suivi le préavis, il a été question de mettre le quotidien en PDF sur le site. Hier, les salariés du Monde.fr ont annoncé qu'ils s'opposeraient par solidarité à la publication, sur le site, d'articles en provenance du journal.
Colère. Dix jours déjà que la direction a présenté sa recette pour rééquilibrer les comptes du groupe à l'horizon 2010. Si les salariés s'attendaient à des suppressions d'emplois, le nombre a fait frémir : 130, dont deux tiers à la rédaction. Autrement dit, un salarié sur cinq et un journaliste sur quatre. Les conditions elles-mêmes n'ont fait qu'accroître l'inquiétude. Pour la première fois dans l'histoire du journal fondé par Hubert Beuve-Méry en 1944, il est question de départs contraints, autrement dit de licenciements. Largement de quoi être groggy.
Du côté du pôle magazine du groupe, le plan de redressement d'Eric Fottorino, président du directoire, a récolté la même colère. «On continue de nous dépecer»,