Il est assez réjouissant qu'un documentariste de la trempe de William Karel soit aussi régulièrement taraudé par des envies de mensonges. Du moins, pour employer un autre vilain gros mot, par des envies de fiction. Le bonhomme, qui compte à son actif quelques gros morceaux du documentaire contemporain (CIA Guerres secrètes, le Monde selon Bush ou la Fille du juge, consacré à la fille de Gilles Boulouque) s'était déjà aventuré dans le registre du documenteur avec Opération Lune en 2003. Dans cette fable brillante, il rendait crédible, à travers des interviews tronquées, le fait que l'homme n'avait jamais marché sur la lune et que les images de la Nasa n'étaient rien d'autre que d'habiles montages réalisés avec la complicité de Stanley Kubrick.
Cette fois, il signe un hommage triste et beau au polar américain des années 30 et 40 sous forme d'un patchwork d'extraits de films noirs pur Hollywood formant une histoire déconnante bourrée de rebondissements. Le tout est régulièrement interrompu par les protagonistes de l'affaire, minimum 80 ans au compteur, interwievés de nos jours. «L'idée initiale part de l'envie de filmer la poignée de survivants de cette époque, les Kirk Douglas, Mickey Rooney, Cyd Charisse ou Ben Gazzara», confie Karel. Un à un, il les a convaincus de sortir de leur isolement pour affronter une fois encore l'oeil de la caméra. Pour Kirk Douglas, ce sera dans un silence absolu, paralysie faciale oblige. Pour Ben Gazzara, ce sera à coup