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Libération

Sur un air de leurre

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publié le 30 août 2008 à 4h48

C'est de la multiplication des tuyaux et de la subséquente course au temps qu'on a coutume de dater la disparition des «speakerines», ces femmes-troncs n'ayant plus cours aujourd'hui que dans les JT et bulletins météo, où une belle victoire de la parité les a doublées de leurs pendants mâles. Plus souvent, speakerines et speakerins de la télé d'antan sont réduits à leur métonymique fonction de voix sur bande-annonce. Rien de neuf ni de modernerie là-dedans, direz-vous, en invoquant les sonores promotions des matchs de foot de la Une ou les documentaires de feu le commandant Cousteau sur la Deux (Ah, ce «les hommes de la Calypso», vingt mille lieues sous la mer des basses.). C'est que vous n'avez pas entendu la voix qui fait, sur LCI, la retape du site web de la chaîne info. Cette voix est féminine, et visiblement inspirée par un modèle numérique et aéroportuaire. A l'entendre susurrer que «l'actualité, c'est sur lci.fr», il apparaît qu'elle phonétise, au lieu de «point efèr», un troublant «point efeur». Un léger défaut de prononciation, peut-être ? C'est douteux. Dans le même énoncé, le «L» de LCI, qu'elle n'arrondit pas en «eul», ne lui pose en effet nul problème. C'est donc une coquetterie qu'il faut imaginer pour donner du sens à cet «eur» incongru. Quelque chose d'un accent qui connoterait plus de social que de local ; quelque chose, oui, de Marie-Chantal en rallye vers Neuilly, Auteuil ou Passy, où le «é» final s'évapore en «è» comme, sur France 2, dans la