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Libération
Critique

L'importance d'être Anglais

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publié le 5 septembre 2008 à 4h52

C'est au lendemain des attentats qui ont frappé Londres le 7 juillet 2005 que Peter Kosminsky s'est attelé à ce projet. Un film grand public, destiné la télévision, afin d'affronter sans concession le constat d'échec d'une société : les jeunes gens qui se sont suicidés en faisant exploser leurs vestes bourrées de dynamite dans les transports publics de la capitale britannique étaient tous nés en Angleterre. Ils y avaient suivi toute leur scolarité, s'habillaient comme n'importe quel jeune de leur âge, possédaient un iPod et étaient supporters de Manchester United. Des «Britz» donc, titre original du film qui reprend le terme mi-familier mi-moqueur employé par les indo-pakistanais vivants en Grande-Bretagne pour désigner les Britanniques. Conservateurs ou travaillistes, banquiers ou chômeurs longue durée, bourgeois ou prolos, bonnes gens ou voyous, ceux qui forment la complexe société britannique dont ils éprouvent chaque jour la douloureuse et humiliante sensation d'être exclus.

Impunité. Pour développer son propos, Kosminsky a choisi de raconter deux fois la même histoire variant d'un film à l'autre selon le point de vue des personnages principaux. Dans la première partie, il nous emmène dans le sillage de Sohail (Riz Ahmed), un jeune étudiant en droit qui veut tellement croire en son «anglitude» que la question confine pour lui à l'obsession. Il méprise les prédicateurs de mosquée, se moque de ses copains musulmans qui s'habillent comme des immams et se croit obligé d'affir