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Libération

Une chambre avec vues

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publié le 18 septembre 2008 à 5h03

Pour obtenir une chambre à l'hôtel Vue des Alpes, il faut s'y prendre longtemps à l'avance. La nôtre, la 102, a été réservée en octobre 2007, pour un séjour de cinq nuitées qui a débuté hier. L'endroit n'est vraiment pas mal : alpestre, sain, placide ; le site est superbe sans être écrasant de grandiose. Depuis le petit balcon de cette chambre, on peut faire défiler le panorama. On se croirait dans une nouvelle de Robert Walser : un paysage de prairies vertes et de sommets moyens portant quelques traces d'humanisation avec, au fond du paysage, la couronne des cimes enneigées. Je suis descendu puis remonté par l'escalier et enfin redescendu par l'ascenseur, juste pour voir s'il fonctionnait. Je suis sorti de l'hôtel par la terrasse arrière et j'ai suivi un sentier engageant. J'ai fait un tour complet du petit lac, et une halte sur une presqu'île où gisait l'épave d'une barque. Plus loin, je détournai un pédalo apponté, autorisant un retour à l'hôtel par la voie aquatique. De l'autre côté de l'hôtel, un chemin mène à un chantier puis à une station de téléphérique. L'endroit a l'air abandonné, mais puisque la cabine est disponible. prenons-la.

Longue progression vers les sommets, premières petites piqûres de l'angoisse : et si le téléphérique était cassé, et si c'était un piège, et pourquoi n'y a-t-il absolument personne nulle part ? Comme des bouffées de cauchemars anciens, remontent à la surface les souvenirs d'autres hôtels virtuels, désertiques, fantômes et inquiétants. Les