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portrait

Charb. Charlie en jeune

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Charb. A 41 ans, le dessinateur de «Maurice et Patapon» succède à Philippe Val,comme directeur de la publication de «Charlie- Hebdo».
publié le 20 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 20 mai 2009 à 6h51)

Pourquoi faudrait-il que les gens d'humour dessiné aient la gueule de l'emploi ? Pourquoi devraient-ils être des vifs en trogne, des enluminés reconfigurés par Picasso, des caricatures d'eux-mêmes rubicondes et carnassières ? Charb a le visage pâle et perdu d'un enfant triste. Sa séduction, qui pourrait être celle du petit frère maigrelet de Bruno Gaccio, se masque derrière un refus de jouer les matamores. Un phrasé sans trémolos ni effets de manche, une voix sans guignolades ni esbroufe, témoignent qu'on peut devenir directeur de publication d'un journal satirique sans habiletés radiotélévisées. Un genre de pull marin, une sorte de pantalon kaki et des chaussettes appariées bien remontées sur les mollets prouvent que Charlie Hebdo n'a pas besoin de faire appel à Frankenstein et à Bukowski réunis pour créer un truculent hybride à crâne Choron, frange Cabu et bacchantes Cavanna.

Avant, c'était Val. Maintenant, c'est Charb, Riss et les autres. Parti à Radio France, le penseur maximo a passé le témoin aux dessinateurs quadras, grandis dans le giron de Charlie 2, l'hebdomadaire qu'il a joliment relancé au début des années 90. Val a 57 ans, Charb, 41 ans. Val s'est imposé comme éditorialiste. Charb se revendique du clan des crayonneurs, même s'il tient allègrement chronique à l'enseigne «Charb n'aime pas les gens». Revanche des bohémiens sur les phraseurs ? Pas certain. Pour Charb, «les dessinateurs ont toujours été la colonne vertébrale de Charlie, et ils le