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Libération

Le tout-payant, une idée pas si gratuite

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publié le 30 mars 2010 à 9h41

«Chronique d'une automutilation.» Les mots de l'éditorialiste suisse Kurt W. Zimmermann sont forts pour dire le drame de la presse écrite. «Car les victimes de la crise sont aussi ceux-là mêmes qui l'ont générée. Jamais (ou presque) auparavant dans l'histoire économique, un secteur n'a détruit de manière aussi suicidaire sa propre activité. Les journaux n'ont pas mis quinze ans pour réduire en miettes un modèle vieux de quatre cents ans» , écrit-il dans un article publié dans Problèmes économiques  (1) qui propose un dossier sur «La presse: le dilemme gratuit-payant». La leçon semble facile à donner aujourd'hui, surtout après une année 2009 catastrophique. D'autant plus qu'elle n'a pas réussi à faire émerger un modèle économique probant.

L'année 2010 marquera vraisemblablement une rupture. La presse tente aujourd'hui de revenir en arrière et de monétiser ses contenus sur le Web. «Une industrie qui jette ses contenus par-dessus bord se cannibalise» , a décrété en août dernier Rupert Murdoch, décidant de rompre avec la culture du gratuit en ligne. Le puissant patron du groupe News Corp, qui possède le quotidien américain The Wall Street Journal déjà payant, commence à mettre en œuvre sa stratégie. Le Times deviendra en juin le premier quotidien britannique à passer au tout-payant en ligne. L'internaute devra payer 1 livre (environ 1,12 euro) par jour ou 2 livres par semaine pour cons