Au saut du lit, sur la terrasse du Palais des Festivals et sans les costumes griffés du terroriste Carlos, qu'il incarne de manière glacée, méthodique, somptueuse, dans le film d'Olivier Assayas , l'acteur vénézuélien Edgar Ramírez se remarque à peine. Son corps presque lourd est vêtu de bleu marine et de souliers à lacets couleur tabac. Un chic un peu froissé, en sourdine. Il parle français (et quatre autres langues) avec un léger accent, pratique le tutoiement immédiat des hispaniques et avec le «tu» vient le sourire aux dents trop blanches (il tourne beaucoup à L.A.), vient également ce magnétisme qui n'a pas besoin d'esbroufe pour se déployer. Il a l'éclat sombre des gens réservés. Son nez est épaté, ses yeux verts bronze. Il vient d'arriver à Cannes, il est d'une affabilité toute simple, s'il est fatigué, on ne le perçoit pas, nerveux non plus. Carlos l'a quitté, semble-t-il.
Pendant cinq heures trente, Edgar Ramírez accomplit à l'écran l'exploit d'apporter LA réponse à une question essentielle. Comment jouer ? Lui-même ne sait pas de quelle manière ce mystère-là est survenu. «J'ai beaucoup lu pour comprendre Carlos et son époque. Une fois sur le plateau, je me suis laissé aller.» La «composition» est pour lui une affaire «hyperdatée» , un acteur n'a aucune méthode, dit-il, que des outils qu'il jette dans un grand sac et sort au fur et à mes