Y a-t-il encore des choses à dire sur 39-40 ? Oui, à condition d'interroger les images de guerre plutôt que de mettre la guerre en images. C'est ce que semble dire le documentaire diffusé ce soir, qui s'emploie à relire les actualités cinématographiques allemandes, françaises et britanniques de septembre 1939 à la victoire nazie de juin 1940. Ces ancêtres de JT projetés dans les cinémas sont contextualisés, mis en regard et confrontés à la réalité. En deux parties, «La drôle de guerre» et «La débâcle», c'est l'histoire fantasmée de ces trois grandes puissances qu'on nous livre : «Chacun disait sa vérité. Autant dire, sa propagande» , dit le commentaire.
Jean-Christophe Rosé, le réalisateur, a «tiré la substantifique moelle» d'un «long visionnage de cent cinquante à deux cents heures» . «Au lieu d'avoir une idée a priori, j'ai regardé l'ensemble des actualités de façon vierge , explique-t-il. Puis j'en ai dégagé des thèmes récurrents, et une construction de récit.» Et de mises en scène en omissions, rien n'est anecdotique dans cette guerre revisitée par Movietone, la UFA, Pathé, Gaumont et Éclair. «Dès qu'il y a image, il y a forcément idéologie» , affirme Rosé. Les messages très offensifs des actualités britanniques ne correspondent à rien dans les faits : la Royal Air Force et les Tommies souriants et désinvoltes révèlent une Grande-Bretagne blême et exsangue. Côté français, atten