D emon's Souls est un jeu miraculé. Passé à deux doigts de l'avortement, ce petit chef-d'œuvre développé chez From Software par Hidetaka Miyazaki a failli ne jamais exister. Sony, qui s'était assuré son exclusivité pour la PS3, n'y croyait plus au moment de sa production au Japon et a donc préféré partager les risques en refilant sa casquette d'éditeur à Atlus. Mais le titre a connu, depuis, une carrière inattendue. Un avorton qui vous salue bien : avec des ventes mondiales estimées autour de 700000 exemplaires, sans blitzkrieg médiatique mais avec le bouche-à-oreille comme ambassadeur, Demon's Souls multiplie par cinq les estimations les plus optimistes précédant sa sortie. Sony a d'ailleurs reconnu, par la voix d'un haut responsable, regretter ne pas en avoir fait une vraie propriété maison.
L'histoire est d'autant plus belle que Demon's Souls est un jeu miraculeux. Par l'orgueil, d'abord, qui nous fait vite comprendre ce qui a pu effrayer les équipes de marketing : ce jeu de rôles singulier ne cède à rien. Ni aux lois du marché, ni aux modes, ni aux conformismes en tous genres du game design mondial.
Il ne cède pas davantage, et c'est là le plus courageux, aux attentes d'un joueur devenu capricieux. Malgré un climat de fantasy gothique presque familier dans le genre RPG ainsi qu'un contexte de royaume déchu déjà fréquenté ailleurs, il n'y a pas plus déroutant que le monde de Boletaria, où le joueur erre comme u