Pour observer Warren Spector au travail, il faut aller à Austin, Texas, mais il faut surtout trouver le studio Junction Point, immeuble anonyme perdu parmi les centaines d'autres identiques d'un techno-center typique des suburbs américaines. Là, un Pentagone de protocoles, codes et cartes magnétiques vous précède, ouvrant chaque porte comme si elle cachait la banque centrale ou un arsenal nucléaire. Nous ne sommes que dans un studio de développement de jeux vidéo, activité industrielle elle aussi terriblement cachottière.
Ce n'est pas Warren Spector que l'on protège mais son travail. À l'heure de notre visite, il vissait les derniers boulons de l'un des jeux les plus attendus de l'année : Epic Mickey , qui sort ces jours-ci autour du globe sur les consoles Wii de Nintendo. Au risque de surprendre, si le jeu est guetté par les gamers , c'est davantage en vertu du nom de Spector que de celui de Mickey. Mais c'est surtout le mélange de l'un et de l'autre qui a défrisé le petit monde du jeu, lorsque furent annoncés, à l'été 2007, à la fois le rachat des studios de Junction Point par la Walt Disney Company et le développement par Warren Spector d'un jeu d'aventures dont Mickey serait le héros.
Warren Spector, 55 ans, marié, sans enfants, est l'un des développeurs les plus respectés du genre, à l'égal de Hideo Kojima ( Metal Gear Solid ) ou Peter Molyneux ( Fable ). Son chef-d'œuvre, Deus Ex