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Libération

Cricri et Poupou chantent Noël

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publié le 20 décembre 2010 à 10h33
(mis à jour le 20 décembre 2010 à 13h21)

L'heure est grave, et Frédéric Mitterrand aussi. Tandis que, dans un coin de son bureau ministériel, la guirlande électrique clignote tristement, sous sa veste d'intérieur façon Georges Descrières, ses épaules s'affaissent sous le poids de l'ingratitude : «Vous étiez, chère Christine, cher Alain, telles les colombes de la francophonie s'envolant à tire d'aile porter la voix de la France par-delà nos frontières, pour qu'elle nimbe d'un oasis de Voltaire, Rousseau et, l'oserais-je, Houellebecq, le grand désert algérien ; pour qu'elle nappe les plateaux andins des mots de Molière, Hugo et, l'oserais-je, de Beigbeder, qu'elle vaporise de nos camemberts, de nos livarots et, l'oserais-je, de nos Babybel, l'air raréfié des pentes himalayennes. Et puis, d'un coup de dents, vous avez arraché la tête des colombes.» En face, Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent scrutent leurs souliers pour y distinguer le reflet de leur culpabilité. La guerre thermonucléaire, à base d'espionnage informatique et de coups bas, qu'ils se livrent depuis des semaines à la tête de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF), qui chapeaute France 24 et RFI, les a amenés là.

La nuque ployée, ils attendent la sentence. Qui tombe de la lippe du ministre, pour une fois concis : «Vous allez passer Noël ensemble.» «QUOAAA ?» coasse pour une fois de conserve le duo duoicide. «Devant la télé» , assène Fredo qui, devant l'évanouissement soudain et synchrone de la paire