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Libération

Préparez vos mouchards

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par Thomas Hofnung
publié le 14 février 2011 à 9h01

Joueur de rugby et agent secret, même combat ? Peut-être si l'on en croit Alain Juillet, ancien numéro 2 de la DGSE. «Le renseignement, c'est un métier de seigneur : il faut des gens vraiment bien pour faire un métier de voyou sans être un voyou.» Dans ce second volet d'une série qui en compte quatre, où Jean Guisnel et David Korn-Brzoza mêlent habilement témoignages de première main et anecdotes, les services ne sont pas à la fête.

Au sein du Sdece (Service de documentation extérieure et du contre-espionnage), au début des années 60, on s’épie et on se soupçonne de tous côtés depuis qu’un transfuge du KGB a affirmé aux Américains que les services français étaient infiltrés jusqu’au sommet. La chasse aux sorcières aboutira à l’arrestation d’un haut fonctionnaire a priori irréprochable, Georges Pâques.

À la même période, l'enlèvement à Paris de l'opposant marocain Mehdi Ben Barka, dans lequel ont trempé des agents du Sdece, provoque la plus grave crise à laquelle aient dû faire face les services secrets français. Après les temps héroïques des amateurs qui, durant l'Occupation, créent de toutes pièces des services de renseignements, les années de la guerre froide ont bien failli leur être fatales. Ulcéré par l'affaire Markovic, Georges Pompidou veut «casser» le Sdece. Valéry Giscard d'Estaing s'en méfie comme de la peste : «C'est un grand bourgeois et, dans sa culture, on n'écoute pas aux portes» , dit un ancien du Sdece.

Guisnel et Korn-Brzoza rac