Alors que l’Angleterre est toujours sous le choc du scandale des écoutes téléphoniques pratiquées par certains journalistes du groupe Murdoch, Angelique Chrisafis, correspondante à Paris du Guardian, réagit sur l’affaire de l’espionnage dont a été victime Gérard Davet, journaliste au Monde.
Quel impact aurait eu une telle affaire en Angleterre ?
Il est certain qu’un tel dossier aurait été à la une de tous les journaux, et pas seulement à cause de la crise des tabloïds. Globalement, les écoutes et la protection des journalistes sont un sujet sensible en Angleterre.
Malgré le scandale Murdoch, les journalistes inspirent-ils toujours confiance ?
Oui, car les gens savent que c’est une catégorie particulière de journalistes qui ont agi ainsi. La classe politique, elle aussi, suscite une forte suspicion, et le pouvoir sait qu’il doit être transparent sur ses relations avec la presse.
Les journalistes sont-ils suffisamment protégés ?
Oui, les lois anglaises sont très soucieuses de la protection de la presse. Il y a eu de nombreuses décisions favorisant les journalistes, notamment sur le sujet de la protection des informateurs. En 2009, un reporter a refusé de donner ses sources à la police nord-irlandaise dans une affaire de terrorisme, et il a gagné.
Le gouvernement britannique pourrait-il mettre un journaliste sur écoute ?
Je ne crois pas que cela soit déjà arrivé. Mais pour revenir à l’affaire du Monde, la question qu’on peut se poser est si l’Etat et les services secrets ont voulu aussi impressionner, dissuader d’autres personnes de parler aux journalistes .
Pensez-vous qu’en Angleterre, la pression mise sur les informateurs des journalistes est aussi de plus en plus forte ?
En 2003, nous avons connu un énorme scandale qui s’est conclu de façon encore bien plus dramatique et qui continue de marquer les esprits. Il s’agissait d’une te