Au début d'Une vie française, Paul, photographe, revient d'un très long voyage. Il attend dans un terminal d'aéroport désert que son fils vienne le chercher. En vain. Depuis des années, Paul n'est plus vraiment attentif aux siens. Empêtré dans ses regrets et sa solitude, il vit à part, en parallèle de sa famille. Pendant son voyage, sa fille Marie a arrêté de parler. Internée depuis trois mois dans un hôpital psychiatrique, atteinte de schizophrénie, elle s'est enfermée dans un mutisme complet. Personne n'avait pris la peine de prévenir Paul. «On ne savait même pas dans quel pays tu étais !» lui dira sa propre mère.
Dès lors, Paul n'aura de cesse de tenter, désespérément, de guérir son enfant, qui semble se dissoudre peu à peu. De comprendre l'origine de son mal. De se heurter, parfois violemment, aux rigidités des institutions psychiatriques. Allongée dans son lit d'hôpital, sous la lumière bleuâtre des néons, Marie (la très juste et délicate Pauline Etienne, qui jouait la petite fille du personnage de Michel Piccoli dans le Bel Age) garde pendant presque tout le film le même visage de cire et ces yeux, fixes et indifférents. Dans le rôle de Paul, Jacques Gamblin, grisonnant et désemparé, qui scrute avec la même attention les contours de ses photos apparaissant dans la bassine de révélateur que le moindre changement (a-t-elle souri ?) sur le visage de sa fille.
Tout autour de Paul, des remords et des morts. Celle de son frère, disparu à l’adolescenc