Jean-Yves Lambert, alias Jean-Yves Lafesse.
«L’expérience Carbone 14, ça n’a rien de glorieux ! Je ne ressens rien de l’ancien combattant. Pour moi, ce sont des conneries qui appartiennent au passé. C’était très violent : il y avait des joutes politiques à l’intérieur de la station. Fenu, le patron, était un mec très trouble. Les flics venaient souvent. Il y avait des types, payés au black, qui imprimaient des tracts au sous-sol de la radio, au 21, rue Paul-Fort. La radio était détenue par le RPR du XIVe arrondissement…
«Tout le monde était bénévole. A la radio, il y avait des punks, des toxicos, des babas, des alcoolos, des communistes, des libertaires, des autonomes… Carbone 14, c’était un équilibre permanent entre l’implosion et l’explosion. Malgré nos grandes gueules, on était jeune. Y en a qui sont tombés dans la poudre. Y a eu des coups de feu… C’était vraiment tumultueux. Moi je me considère comme un survivant de Carbone 14. On travaillait dans les conditions de l’époque : chaotiques, la gauche qui arrive au pouvoir… Le directeur des programmes changeait tous les quinze jours. C’était une sorte de magma. Un volcan tout le temps en éruption. Un volcan qui s’est éteint quand la radio a été interdite : la lave s’est solidifiée, et il ne reste rien à part la nostalgie.
«Moi, c'est à Carbone que j'ai commencé mes impostures téléphoniques. Je voulais plonger l'auditeur dans des univers. J'avais une émission de minuit à 4 heures du matin, Lafesse m