Non, il n'y a pas à tortiller, à discuter, à polémiquer. Nathan, 28 ans, maçon de son état, est formel. Entre deux coups de truelle, il assène sobrement : sa bible, son Sun, est devenue franchement «emmerdante». Certes, la fameuse page 3, une jeune femme dénudée, est encore là. Chloe aujourd'hui, Hollie hier et probablement Rosie demain, ces beautés exhibent toujours leurs atouts. Mais à part ça ? Rien, que dalle. L'ex de Britney Spears victime d'une crise cardiaque, Seal et Heidi Klum qui divorcent ? Pfff, du menu fretin. C'est à désespérer du genre.
Il faut se rendre à l'évidence : le tabloïd anglais n'est plus ce qu'il était. Le scandale des écoutes téléphoniques illégales et ses conséquences multiples sont passés par là. La fermeture en juillet de News of the World, le journal frère du Sun, après cent soixante-huit ans d'existence, a traumatisé les foules. Et l'enquête publique qui a suivi, dirigée par le juge Brian Leveson, n'a rien fait pour arranger la paranoïa rampante qui fleurit depuis quelques mois dans les médias britanniques.
Les derniers chiffres de la presse sont sans appel. Les ventes du Sun ont chuté de 7% sur une année, son plus fort déclin en dix ans, selon l'ABC (Audit Bureau of Circulation). De 3 millions d'exemplaires quotidiens en 2010, le tabloïd est tombé à 2,8 millions en 2011. Le Times, autre titre du groupe Murdoch, a enregistré la plus forte baisse de tous les quotidiens, avec une chute de 12,21