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Libération

«Grands Lacs» : l’enfer des femmes du Kivu

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publié le 8 mars 2012 à 18h30

Pour ses collines verdoyantes et ses extraordinaires richesses minières, au cœur de la région des Grands Lacs, on le surnomme la Suisse de l’Afrique centrale. La comparaison s’arrête là : le Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, a connu son lot de pillages, de viols, de massacres interethniques. Les nombreuses guerres du Kivu ont fait 5 à 6 millions de morts et des millions de déplacés. Et le «viol comme arme de guerre» par des milices armées, rebelles ou issues de l’armée régulière, est presque banalisé. Leurs auteurs jamais punis.

De la province orientale aux frontières de l'Ouganda et du Soudan, le documentaire Africaines des Grands Lacs montre les stigmates des guerres du Kivu sur la population. La réalisatrice Claire Duguet et l'artiste-navigateur Titouan Lamazou font émerger, au milieu du chaos, dans des villages enclavés ou dans des camps de transit, des figures de femmes et de fillettes à la trajectoire tragique. Elles racontent leur histoire, figées par la pause. Peintes, photographiées, filmées, Solange, Justine, Thérèse et les autres racontent les attaques à la machette, les enfants-soldats, les viols, le sida, le déshonneur, la fuite, les camps. En préambule du documentaire, Titouan Lamazou, très engagé pour la défense des droits des femmes et des enfants, admet un «certain embarras, dans cette approche manichéenne, typiquement occidentale, opposant l'extrême vulnérabilité de ces victimes féminines à l'insoutenable cruaut