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Libération

Place au jeûne

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par Eliane Patriarca
publié le 29 mars 2012 à 18h19
(mis à jour le 29 mars 2012 à 18h20)

Diabète, obésité, hypertension, cancer : les pathologies chroniques explosent. Tout comme la consommation de médicaments censés en limiter les dégâts. Une autre voie thérapeutique semble exister pourtant. C’est ce que révèle l’enquête troublante et rigoureuse signée Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade. Une voie explorée depuis une cinquantaine d’années par des médecins, en Allemagne ou en Russie : le jeûne.

Prenez le cas de Jürgen, 60 ans. Banquier à Zurich, il se rend régulièrement dans les pays de l’Est. Là-bas, explique-t-il, on ne peut négocier de contrats sans multiplier les repas plantureux et arrosés. Et il aime ça. Mais pas son foie, qui a doublé de volume. Les médecins le mettent en garde : soit il change de vie, soit il fait son testament. A la clinique Buchinger, en Allemagne, Jürgen procède à une cure de jeûne sous surveillance médicale. Comme 15 à 20% d’Allemands l’ont déjà fait. Une dizaine d’hôpitaux publics disposent outre-Rhin de services dédiés au jeûne, et la Sécurité sociale prend en charge les cures. Jurgen a récupéré un foie normal. En Sibérie, le jeûne est devenu l’élément central de la politique de santé publique. Depuis 1995, au sanatorium de Goriachinsk, 10 000 patients sont venus traiter diabète, asthme, arthrose ou allergies. Très encadrés, ils n’ingurgitent que de l’eau durant douze jours en moyenne. Passé la douloureuse crise d’acidose des débuts - le temps que le corps apprenne à fabriquer lui-même le carburant nécessaire à la survie - les deux