Parfois, une scène s'achève et on reprend sa respiration. Sans savoir exactement quand on l'avait bloquée. Sans jamais pénétrer dans une cellule, en passant le plus clair de son temps dans le local des surveillants, le passionnant documentaire Sous surveillance , de Didier Cros (auteur du remarqué la Gueule de l'emploi ), parvient à transmettre l'oppression d'une vie enfermée.
Le centre de détention de Châteaudun (Eure-et-Loir) accueille des personnes déjà condamnées, souvent pour de longues peines. Dans ces établissements, les règles sont assouplies : on n’enferme pas un homme en cellule vingt-trois heures sur vingt-quatre pendant dix ans sans en faire un fauve ou un pendu. La journée, les détenus peuvent aller prendre un café dans la cellule d’à côté ou se rendre à la douche quand ils le souhaitent.
Mais à Châteaudun, il y a aussi le niveau «zéro». Le «régime ordinaire». Un étage où les détenus vivent porte fermée, contraints de passer par un surveillant pour la moindre demande. L’idée est simple, elle paraît de bon sens, et elle est très en vogue dans la pénitentiaire : rassembler les prisonniers «à problème» sur un étage à la sécurité renforcée permet de laisser une mince liberté aux plus sages, aux étages supérieurs.
Mais faute de cellules en nombre suffisant, le passage d'un étage à l'autre est aussi une affaire complexe de gestion et d'arbitraire. C'est l'une des scènes les plus violentes du film, on n'y voit pourtant pas de sang mais un g