Avant de prendre ses quartiers d’été, cette chronique aimerait distribuer quelques devoirs de vacances. Ils ne s’adressent pas aux gamers, qui savent ce qu’ils ont à faire : jouer enfin autant qu’ils veulent. C’est plutôt la réflexion de nos élites dirigeantes que l’on aimerait solliciter, à commencer par celles en charge d’aménager le calendrier scolaire. Celles-ci pourraient-elles prendre en compte le fait que jouer est une activité sérieuse qui demande du travail, du temps et de l’investissement -- personnel, affectif, financier ?
Ainsi avisé, le ministère de l’Instruction (ou quelque chose comme ça) prendrait conscience que chaque journée rabotée sur les vacances, sous d’oiseux prétextes de rythme et d’équilibre, est une amputation du droit inaliénable des enfants à jouer tout leur saoul. De même, raccourcir le compas de ce que l’on appelait «les grandes vacances», en prétendant saupoudrer ailleurs les journées ainsi volées, est une mutilation objective de cette liberté fondamentale : l’immersion virtuelle, qui refuse par nature la domestication, pour ainsi dire l’esclavage, qu’impose toute notion de durée limitée. Mais les droits du gamer pourraient s’étendre à d’autres sphères de la société. Le cinéma a mis un siècle pour franchir les portes du premier cycle en devenant dans les années 90 une matière pédagogique. Un raisonnement sensé en fondait l’origine : puisque le cinéma était devenu la culture populaire dominante, ne valait-il pas mieux apprendre à le connaître, à