Réduire de 30% les salaires. Voilà une demande pour le moins atypique de la part d'un syndicat de travailleurs. C'est pourtant la proposition faite par le Syndicat alternatif des acteurs (SAA), soutenu par la CFTC, afin de s'attaquer au problème de la délocalisation des activités de doublage qui touche essentiellement les programmes télé. «J'ai l'impression d'être sur une autre planète» , déplore Christine Pâris, comédienne et présidente du SAA-CFTC. Une autre planète où les rémunérations des comédiens pour leur activité de doublage sont parfois «indécentes» , juge-t-elle.
L'autre planète, c'est aussi la Belgique. Le coût du doublage y est environ 40% moins cher qu'en France, en raison de salaires plus faibles, de cotisations sociales moins élevées et de droits moins importants. Il n'en faut pas plus pour convaincre les distributeurs et producteurs de programmes étrangers de quitter la France pour aller chez nos voisins. Mais attention, ce «phénomène n'est pas nouveau , relativise Jimmy Shuman, membre du Syndicat français des artistes interprètes (SFA-CGT) et chargé des dossiers concernant le doublage. Néanmoins, le fait que ce soit de plus en plus important est possible, voire probable» .
En 1994, une grève des comédiens dénonçait déjà la délocalisation, mais aujourd'hui, la tendance devient de plus en plus préoccupante, surtout pour les comédiens doublant des rôles secondaires ou travaillant pour de petites prod