Il fut un temps où les convulsions de la vie privée des présentateurs du 20 h de TF1 faisaient grimper l’audimat. A cette époque, il fallait être glamour pour elle, avoir un caractère bien trempé pour lui, et que tous deux mènent une vie sulfureuse, qu’ils tentaient ensuite de magnifier dans une interview exclusive, un livre-confession, ou mieux, un roman à clés. Mais ça, c’était avant. La multiplication de l’offre et la montée en gamme des chaînes d’infos ont sonné le glas de la domination sans partage de la première chaîne sur les JT. Et une jolie tête blonde au patronyme vrombissant n’aura pas réussi à inverser la tendance. Alors TF1, talonnée par France 2, a opté pour un quinquagénaire dégarni et tout en sobriété. Une image plus sérieuse, façon service public, qui pourrait tenter les plus de 50 ans et les CSP+.
Ce visage dénué de notoriété et rehaussé de fossettes sympathiques, c'est celui de Gilles Bouleau. Il incarne la consécration de l'expérience, celle d'un reporter qui a gagné ses galons de présentateur sur le terrain. «A mon âge, le vedettariat ne peut plus m'affecter. J'ai été reporter à TF1 pendant vingt-quatre ans. Journaliste, c'est ma vraie nature.» Et d'ajouter, en modeste exégète de sa propre vie : «Je ne suis ni jeune ni à la mode, somme toute pas très intéressant pour la sphère people.» Titulaire de la chaire du 20 heures depuis le mois de juin, l'ex-joker de Laurence Ferrari voudrait être à l'écran ce qu'il est dans la vie.