Tous les ans, Canal + sert la même rengaine : «Oh, nous, cette année, on ne fait rien.» «Rien» , comprenez, Canal + ne fait pas de conférence de rentrée classique avec prise de parole du patron en pure langue d'ébène sertie d'Ebitda et de cashflow. En revanche, Canal + fait une fête. En 2011, par exemple, pour ne «rien» faire, la chaîne cryptée avait squatté le lycée Louis le-Grand. Cette année, c'est au Wanderlust, grande terrasse en bois sise à la Cité de la mode et du design, sur les bords de Seine, ce genre d'endroit qu'on appelle un lieu, que le «rien» s'est tenu. Serait-on pris d'une fièvre rare ? De vapeurs prématurées ? Tandis qu'on gravit un passage façon pont de bateau qui mène à la fête, une drôle d'impression nous saisit. Comme un frisson, un étouffement. D'abord, il y a ces militaires américains plantés au milieu du passage, qu'on a, au premier abord, pris pour des mannequins de cire. Mais non, ce sont des humains, seulement ils sont raides, comme pétrifiés, se livrant de loin en loin à un salut dans les règles de la Navy. Brr.
Ensuite, il y a ces pom-pom girls, mini-short en jean, tee- shirt et chaussettes hautes à l’effigie du Star Spangled Banner qui s’agitent à un rythme qu’on imagine frénétique mais qu’on perçoit d’un coup comme décomposé, au ralenti, lointain. Il fait froid là, non ?
Puis, il y a cette structure centrale qui abrite un bar, où, raffinement ultime, la fumée - de la vapeur - est arti