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Libération

La fiction se fait une Santé

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par Ondine Millot
publié le 17 octobre 2012 à 18h59
(mis à jour le 17 octobre 2012 à 19h00)

Musique dégoulinante. Ralenti. Cheval au galop dans la forêt. Cheveux longs blonds de la cavalière qui flottent dans le vent. Mathilde Seigner, alias Séverine Vincent, caracole telle une héroïne moderne, avant d’aller voler aux secours des détenus de la prison de la Santé, dont elle est le «médecin chef». On a peur. On a tort. Certes, il n’était peut-être pas indispensable de tant céder aux «exigences de la fiction grand public» (la musique, mais aussi la gamine émouvante, le chagrin d’amour, la course-poursuite policière, et autres trahisons-suspense-rebondissements que l’on voit venir avec des sabots aussi fracassants que ceux du cheval initial). Reste que le téléfilm d’Yves Rénier apporte une vision réaliste et concernée de la prison qu’on ne trouve quasi jamais en prime-time.

En cette époque où Christiane Taubira, ministre de la Justice, promet de s'attaquer au désastre carcéral, mais où rien n'a encore été fait pour améliorer le sort indigne des 66126 prisonniers français (soit environ 10000 de plus que le nombre de places disponibles), l'œuvre est salutaire. Le scénario est inspiré du livre de Véronique Vasseur, Médecin-chef à la prison de la Santé , une dénonciation puisée dans ses huit années passées dans la prison parisienne. Le livre est paru en 2000, mais ce qu'on voit dans le film est, hélas, toujours réel. «La crasse, l'odeur, les murs pourris. Et on te demande de soigner les mecs à travers les barreaux, comme au zoo» , raconte Sév