Vlan ! A chaque conférence de presse ou rencontre avec un chef d'entreprise, un élu, les quelque 800 journalistes de Madagascar reçoivent une calotte. La felaka («gifle» en malgache) est une pratique généralisée dans cette île de l'océan Indien : elle consiste en une enveloppe de 10000 à 15000 ariary (4 à 5 euros) remise aux journalistes, officiellement pour rembourser leurs frais de déplacement. «Il ne faut pas se leurrer, on cherche à nous acheter, à influencer le contenu de notre article» , confesse un reporter de Midi Madagascar , le premier quotidien francophone. L'Express , son concurrent, a beau avoir édicté son propre code de déontologie, un journaliste admet lui aussi toucher des enveloppes : «On reste libre d'écrire ce qu'on veut, mais dans la pratique on se sent redevable.»
Les patrons de presse, conscients que la faiblesse des revenus est la principale raison de cette corruption (le salaire moyen s'élève à 400000 ariary, soit 150 euros), tentent d'en relativiser les conséquences. «Les felakas n'ont aucune incidence sur le fond , affirme Gérard Rakotonirina, directeur de la publication de Basy Vava , un tabloïd en langue malgache. Mes employés ne tiennent pas à salir leur réputation.»
Look de baroudeur fatigué, Olivier Rasamizatovo, directeur de la rédaction de Midi Madagascar , relativise : «10 000 ariary, ce n'est pas très grave, on