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Libération

«El País», gracias patron !

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publié le 23 octobre 2012 à 11h00

«Jusqu'alors, El País était gravement touché par la crise publicitaire, par la gestion néfaste de l'entreprise et par des déclarations à l'emporte-pièce de la direction. Désormais, ce journal est agonisant et, pour beaucoup, mort. Je suis fatigué. Je suis en colère. Ce fut un beau voyage. Dommage qu'il se termine de cette façon-là.» Sur son blog, l'écrivain galicien Manuel Rivas n'y va pas avec le dos de la cuillère pour interpréter les soubresauts qui agitent le journal de référence espagnol, étendard de la transition démocratique au lendemain de la mort de Franco. Depuis des années, l'écrivain y signe de grands reportages et des chroniques hebdomadaires. Comme d'autres personnalités intellectuelles de son acabit, Manuel Rivas a explosé, «écœuré» par la façon dont la direction du puissant groupe Prisa -- qui regroupe radios, quotidiens, télés… (lire ci-contre) -- mène la barque.

Au sein du journal, et parmi les collaborateurs, l'heure est à la mutinerie. Le comité d'entreprise a décrété dix-huit jours de grève partielle d'ici fin novembre, et a convaincu la quasi-totalité des rédacteurs de ne pas signer leurs articles à certaines dates. De quoi rendre folle de rage la direction, qui invoque la charte du journal : «La non-signature nous paraît un grave manque de respect aux lecteurs.» Le déclic de ce coup de gueule collectif remonte au 5 octobre, lorsque la direction de Prisa annonce un plan social fracassant qui concerne 149 jou