Une scène de foule en Egypte, lors de la révolution. Une tête blonde, occidentale, suffoque, emportée par les remous de cette masse uniforme et pixelisée. C’est un viol collectif, aux abords de la place Tahrir. Changement de décor, la caméra glisse sur cette jolie photo de nu, un autoportrait mis en ligne par une Égyptienne décidée à combattre l’esprit rétrograde et obscurantiste de ses compatriotes salafistes.
Ainsi démarre, pied au plancher, le documentaire au titre aguicheur Sexe, salafistes et printemps arabes réalisé par le reporter Paul Moreira. On n’échappe pas à cette débauche d’images tape-à-l’œil, à ce florilège parfois abrupt, parfois drôle et instructif, de films coquins au parfum oriental. On n’échappe pas non plus au pire : cette scène d’excision d’une petite fille, à la limite du supportable, exhibée à deux reprises, sans ambages.
Cela dit, la violence des images fait écho à la gravité du propos : un état des lieux catastrophique des rapports hommes-femmes en Egypte. La force de Sexe, salafisme et printemps arabes réside dans le fait qu’il est filmé au plus près des témoignages de la jeunesse égyptienne. Le viseur de la caméra s’accroche au voile de ces femmes reléguées au statut de citoyen de seconde zone, coupables d’attiser les irrépressibles pulsions de leurs congénères.
Voilées mais pas muselées, elles tiennent tête à leurs agresseurs et à la police, souvent complice. En 2008, 83% d’entre elles déclaraient avoir été harcelées.
Face caméra, le sexe fort révèle