En avant-première sur la chaîne Planète+ avant une sortie clairsemée en salles mercredi, ce long-métrage d'animation propose une variation sur le thème de l'indifférence et de l'injustice, porté jusqu'à l'absurde. Le voyage de Monsieur Crulic est inspiré de l'histoire vraie de Claudiu Crulic, un émigré roumain installé en Pologne et condamné à tort en 2007 pour le vol d'un portefeuille. De sa cellule à Cracovie, il engage une grève de la faim: il en mourra. Ses kilos se dérobant à la chaîne n'ont jamais inquiété le personnel pénitentiaire et médical, ni le consul de Roumanie qui se contentera de l'inanité de cette réponse sans appel: «ayez confiance en la justice.»
Raconté à la première personne, celle du trépassé Monsieur Crulic, il s'exprime d'outre tombe, depuis «son nouveau studio bas de gamme, où je n'ai rien à faire, je ne sens pas grand chose.» Lesté d'un fort accent roumain, teinté de toute la mélancolie dont sont porteurs les naufragés de l'Europe de l'Est, il détaille un chemin de vie escarpé, où rares sont les occasions de sourire. Mais Crulic n'est pas dénué d'humour, «les Moldaves ont cette délicieuse auto ironie qui leur vient de la sagesse. Claudiu n'aurait pu raconter son histoire s'il n'y avait mis ce détachement, cette distance, cette façon de faire contre mauvaise fortune bon cœur» explique Anca Damian, la réalisatrice.
Ce film vaut aussi le détour pour ses images d’animation: dessins, pliages et