Les lampadaires font luire les carrosseries de quelques belles bagnoles sur le parking. Il est 23 h 30 et la quarantaine de gars de l’équipe de nuit prend son service dans l’entrepôt de la Société Presse Paris Services (SPPS) à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Ce dépôt de Presstalis, intermédiaire entre imprimeries et kiosques, pilote la distribution des journaux à Paris et dans onze communes de banlieue. Et c’est notamment ici que, depuis des mois et la décision, par Presstalis, d’adopter un plan de restructuration drastique, la CGT du Livre décide du blocage des parutions.
Certains jours, pas de journaux en kiosques pour protester contre les 1 250 licenciements prévus sur 2 500 salariés, et l'externalisation d'une partie de l'activité. Le site de Bobigny, 157 salariés, doit fermer. Une minorité d'ouvriers serait reclassée dans un autre centre. Chaque blocage crispe un peu plus kiosquiers et éditeurs, qui font des pertes sèches à chaque non-parution. «C'est pas une lubie, on se dit pas "Tiens ça fait longtemps, on se ferait pas un petit blocage ?" , ironise Michel, délégué du Syndicat du livre (SGLCE) à Bobigny. On bloque parce que dans un mois, on est à la chôme !»
Ce soir, moins de boulot que prévu : Télérama et Gala ont été envoyés sur le site de Bonneuil, une plateforme indépendante, pour éviter les blocages. «Ça m'énerve parce qu'on s'est engagés à faire une trêve jusqu'au rendez-vous à l'Elysée [cet aprè