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Libération
Bourre-Paf

Eurovision: la pelle et le clochard

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publié le 17 mai 2013 à 19h51

Honte. Oui, honte à TF1 qui a choisi de programmer ce samedi soir la finale de The Voice, sa télé-réalité musicale rupine. L'audience sera là, énorme, massive, balayant sous le tapis de Médiamétrie les faméliques, les impécunieux, les miséreux chanteurs de l'Eurovision. Face à l'opulente TF1 cousue d'or, France 3 dans son vieux pardessus râpé. Face à l'écrin de lumières chamarrées et de décors luxuriants de la Une, un direct de Malmö sur la Trois. Face au concept mondialisé bâfrant de la part de marché et de la ménagère à la pelle, le vieux concours au décorum chanci aussi obsolète que la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Et comme un fait exprès, voilà que l'Eurovision se serre la ceinture jusqu'au dernier cran, laissant apparaître les côtes de son austérité : outre un budget du tiers-monde (14,5 millions d'euros cette année en Suède contre 50 millions en 2012 en Azerbaïdjan), chaque chanson n'est que l'expression de la récession qui saigne indéfiniment le Vieux Continent. Enfin, à part l'Allemagne évidemment, qui s'offre le triple luxe d'une candidature prestigieuse (le groupe de dance Cascada), d'une chanteuse recouverte de poudre d'or et d'un titre comme un bras d'honneur aux gueux européens : Glorious. Entre les nantis de The Voice et le chœur en guenilles de l'Eurovision, choisis ton camp, camarade. Nous, c'est tout vu.

Les clodos

Eux, la débine ne leur fait pas peur ; ils la brandissent comme un étendard : ce sont les pouilleux du