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Libération
TRIBUNE

L’impossible Tony Soprano

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par Alexandre Astier, Réalisateur, auteur, interprète et compositeur (1)
publié le 10 septembre 2013 à 19h01

James Gandolfini est mort le 19 juin à Rome. Le même jour, on a vu un type sortir en hâte de sa suite au Boscolo Exedra ; on s'est rendu compte un peu plus tard que ce type-là avait foutu le camp avec la Rolex Submariner de James. «Voler un mort ! Quel crime crapuleux !» s'est-on écrié.

C’est crapuleux, mais c’est prudent. Moi aussi, avant de piquer la Rolex de Gandolfini - dans le cadre improbable où je me serais lancé dans ce projet - j’aurais précautionneusement attendu sa mort. Je l’admets, tomber sur James Gandolfini de son vivant - sans même avoir à lui engourdir sa tocante - c’est une chose qui m’aurait impressionné. C’est idiot, j’en conviens ; je fais là un amalgame de débutant entre l’acteur Gandolfini et Tony Soprano, son personnage dans la série éponyme.

Pourtant, les personnes qui l'ont connu «à la ville» en disent le plus grand bien ; Brad Pitt le décrit comme «un acteur féroce, une bonne âme et un homme extrêmement drôle». Il est décédé à 51 ans d'une attaque cardiaque… c'est souvent le lot des hommes inquiets et tourmentés.

On imagine sans difficulté - comment ne pas l'évoquer ? - la blessure amère qu'a dû lui infliger l'échec de The Sopranos. Pour un Italien du New Jersey comme lui, le désintérêt du public pour l'œuvre si personnelle de David Chase, une série qui s'était attachée à mettre en scène la pègre italo-américaine avec tant (trop ?) d'authenticité, a sans aucun doute été un coup dur. Tant de travail, tant d'implication pour u