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Cambodge

Khmers rouges: la justice de justesse

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Génocide cambodgien par les Khmers rougesdossier
Problèmes d’argent, pressions politiques… Après l’exemplaire procès Douch, le tribunal piétine.
publié le 8 octobre 2013 à 19h16

Une pathétique farce judiciaire. Depuis deux ans, au Cambodge, les démissions d’avocats, de juges et d’un procureur se sont multipliées. Et comme si cela ne suffisait pas pour illustrer la dérive de l’institution, le tribunal n’a plus d’argent pour payer ses employés cambodgiens. Résultat, après un premier procès exemplaire, celui de Douch, le directeur du centre de torture S-21, l’issue du second grand procès où comparaissaient initialement les quatre dignitaires khmers encore en vie du régime est de plus en plus compromise.

C'est un tribunal hybride qui juge les Khmers rouges, composé de magistrats cambodgiens, qui doivent rendre des comptes à leur gouvernement, et de juristes internationaux dépendant des Nations unies. Ainsi, le Français Marcel Lemonde a exercé entre 2006 et 2010 aux chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), en charge de juger les anciens dignitaires. Evoqué en 1997, l'établissement des CETC a pris près de dix ans. Le pouvoir cambodgien, qui compte dans ses rangs d'anciens Khmers rouges, n'en a jamais voulu. Le Premier ministre, Hun Sen, a ainsi agité le spectre du «retour de la guerre civile» si de nouvelles enquêtes étaient lancées. Les CETC sont depuis leur origine divisées, sujettes à des pressions politiques, à de la corruption et à des chantages. Dans le journal de bord qu'il a tenu de son expérience (1), Marcel Lemonde a retenu une formule de Victor Hugo, issue de la Légende des siècles