Etre d'accord avec Marine Le Pen, cette expérience limite, cette sensation qui vous prend par surprise, et vous laisse pantelant, tenaillé par le doute : cette adhésion imprévue révèle-t-elle des pulsions profondes, refoulées ? Et si, au fond, j'étais d'accord avec elle ? Tentons de retracer le protocole de l'expérience : on est devant la télévision, Marine Le Pen parle et, tout d'un coup, une petite voix intérieure susurre «ah oui !». Pas seulement, «elle est très forte». Pas seulement, «tout de même, elle est plus sympa que son père» (elle est de plus en plus forte, et de moins en moins sympa). Mais carrément «je suis d'accord avec elle». D'accord. Avec mon cerveau. Avec ce qu'elle dit. Cette expérience irréelle, on l'a vécue deux fois ces derniers jours. Premier épisode. Marine Le Pen apparaît dans un Envoyé spécial sur «les nouvelles têtes du lepénisme» (la même émission où une candidate FN compare Christiane Taubira à un singe). Elle discute avec son conseiller Philippot de son agenda des prochains jours. On est en plein psychodrame sur les rythmes scolaires. Et on l'entend dire, en substance : «Les rythmes scolaires, quel sujet stupide, ça ne devrait pas durer plus de vingt-quatre heures.» Immédiatement, la petite voix «ah oui ! comme elle a raison». Quelques soirs plus tard, sur la même chaîne, Le Pen est invitée sur le plateau de Mots croisés. Sujet de l'émission : le piège Léonarda. Et elle commence par un long dégagement sur l'es
Expérience limite avec Marine Le Pen
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publié le 27 octobre 2013 à 18h06
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