On parle de «France invisible» ou de «France périphérique». Mais dans la bouche de ces oubliés de la mondialisation, c'est le mot «rien» qui revient le plus souvent. «C'est dur de trouver du boulot à Saint-Dizier, parce qu'il n'y a plus rien», dit Morgane, 19 ans, depuis son lotissement en Haute-Marne. «Faut bouger d'ici. Sinon on trouvera vraiment rien, ici, vraiment vraiment rien», dit un jeune de la cité du Vert-Bois. «Là il n'y a rien du tout, aucune proposition d'emploi», dit Sylviane, demandeuse d'emploi en Mayenne. C'est cette France-là, ce pays dont les habitants disent du «rien», que le spectateur reçoit en pleine figure dans le documentaire la France en face, diffusé ce soir sur France 3.
De ville en ville, la caméra de Jean-Robert Viallet (la Mise à mort du travail) croise aussi ces anciens ouvriers sidérurgistes de Lorraine, acteurs des Trente Glorieuses et consternés par ce qu'ils voient autour d'eux. «Nous, on partait en grève mais on avait notre travail.» Car dans ce film, il y a un avant et un après. Et au milieu, il y a ce phénomène de mutation globale et irrépressible que l'on appelle la mondialisation. Un mouvement dont les métropoles, connectées économiquement au reste de la planète, parviennent à tirer profit. Au détriment des zones qu'on appelle «périurbaines», petites villes, banlieues ou campagnes, que cette transformation a laissées de côté.
Trous. A la base de