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Libération

«Minute» à l’heure de la justice

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Prouver l’«injure à caractère racial» n’est pas si aisé.
publié le 13 novembre 2013 à 21h36

Une feuille de chou d'extrême droite de seize pages, imprimée sur un papier de prospectus de supermarché, lue par quelques milliers de personnes, a déclenché l'indignation générale. En référence aux insultes racistes visant la garde des Sceaux, le Minute de cette semaine affiche Christiane Taubira en une avec ces mots «Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane». Le gouvernement a réagi dès mardi soir et la diffusion de la couv sur les réseaux sociaux : le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a saisi le parquet de Paris, qui a ouvert une enquête pour «injure publique à caractère racial». Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, lui, réfléchissait aux «moyens d'agir contre la diffusion» du journal. Pourtant hier matin, Minute était bien en vente, le parquet ne l'a pas assigné en référé, qui aurait pu déboucher sur le retrait du titre des kiosques. «Le mal a déjà été fait», a estimé le parquet. Autre procédure possible, le ministre de l'Intérieur peut interdire, selon un article de la loi de 1949, «de vendre à des mineurs les publications […] susceptibles d'inciter au crime ou à la violence, à la discrimination ou à la haine contre une personne déterminée ou un groupe de personnes». Place Beauvau, on continue «d'étudier ce dossier très technique», sans en dire plus.

Sur le fond, les magistrats devront prouver que derrière des expressions communes et populaires («avoir la banane», «maligne comme