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Libé 2053

Black-out : «On est devenus aveugles»

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Hier à 13 h 13, le réseau mondial a cessé de fonctionner. A Paris et ailleurs, nos reporters racontent cette journée déconnectée, qui a pris fin à 19 h 19.
publié le 29 novembre 2013 à 21h06

Cet article d'actualité-fiction a été publié dans notre édition spéciale «Libération en 2053», à l'occasion des 40 ans du journal.

Un choc, puis la tôle qui se froisse. C’était hier, un samedi comme un autre en début d’après-midi place de la République à Paris. Les passants, nombreux, profitent de la météo particulièrement clémente pour cette fin de mois de novembre. Certains sont visiblement concentrés sur leurs interactions en ligne alors que d’autres vaquent en famille, en mode «low-connect». Soudain, ce bruit sourd qui se fait entendre. Un bruit qu’on pensait avoir oublié. Les accidents de la circulation ayant officiellement disparu depuis 2041 et l’interdiction de la conduite manuelle, il y a de quoi être surpris. On tourne la tête pour chercher la collision du regard, mais ça devient vite la moindre de nos préoccupations.

La scène est sidérante : le monde semble s’être arrêté. La foule est immobile. Certains regardent le ciel en espérant capter un signal, d’autres se triturent les tempes comme s’ils voulaient réparer un faux contact, un jeune homme est en hyperventilation - il vient de perdre ses filtres Instagram de réalité augmentée en sépia - et une quinquagénaire est prostrée, comme victime d’une attaque. Et le silence. Un silence total, inédit dans la capitale. Sur notre interface visuelle, il ne reste plus qu’une seule information : «No signal». Il est 13 h 13 le samedi 29 n