Cet article d'actualité-fiction a été publié dans notre édition spéciale «Libération en 2053», à l'occasion des 40 ans du journal.

Le rituel est immuable. Un message sibyllin s'affiche sur l'interface visuelle augmentée, «Vivez l'information», puis «29/11, 10 heures, Google Arena». A l'heure dite, il suffit de se connecter à son système d'immersion avec son compte Google pour se retrouver projeté dans la mythique salle numérique qui s'adapte au nombre de spectateurs. Cette fois-ci, elle semble plus grande que le Stade de France, avec près de 100 000 avatars réunis. Il y a comme un paradoxe à assister à la conférence de presse de présentation de Platypus 5.0, l'algorithme qui alimente Google News. La presse traditionnelle n'est depuis bien longtemps plus la cible de ces événements qui semblent espérer sa mise au placard prochaine. Ils s'adressent avant tout aux influence stars, ces chroniqueurs de l'actualité suivis par des millions de personnes et qui vivent des revenus publicitaires issus de leur mise en avant sur l'interface d'actu.

Pique. «Merci à tous de vous être déplacés jusqu'ici, à Mountain View.» La blague éculée de Laura Brin, la jeune présidente de la firme (33 ans et fille du cofondateur Serguei Brin), chargée de toutes les présentations depuis cinq ans, déclenche les mêmes rires polis d'une salle acq