C'est difficile, hein, Stéphane Guillon, d'écrire «un papier spirituel et facétieux alors que dans la semaine, un jeune photographe s'est fait tirer dessus dans le hall du journal où vous travaillez» ! Mais, plus périlleux encore que l'exercice auquel se livra notre comique de référence (Libération des 23-24 novembre), s'avère celui de rapporter cette émotion qui secoue ce journal. Non que nous soyons outre mesure «traumatisés» par l'attentat au calibre 12 dont, plus que la liberté de la presse, fut victime le jeune César (Ave, César !). Ça va, merci, «nous continuerons», évidemment… A moins que… mais ce serait pour d'autres raisons.
Ce qui nous (ce qui me, en l'occurrence) traumatise, c'est une autre atteinte à notre intégrité, sans fusil à pompe mais autrement délétère : tandis qu'est proclamé à grands coups de trompettes éditoriales qu'«un média appartient à tous et qu'il est à ce titre de plain-pied sur la rue, transparent, sans rien à cacher» (Libération du 19 novembre), rien de ce qui bouleverse aujourd'hui ses personnels - la question de sa vie, de sa survie ou de sa mort même - n'y est livré à ses lecteurs, indifférents par ignorance. Aussi ceux-ci, attrapant sur quelques ondes l'écho furtif d'un vote (1) aux termes duquel 89,9% de 74,48% des salariés réclamèrent le départ de ses PDG et directeur général, purent-ils à bon droit s'étonner de n'en trouver nulle trace originale (qu'un «A nos lecteurs» d'évide