Tiens, l'agonisant a bougé ! Au chevet du vieux journal mal en point que vous tenez entre les mains, voici qu'apparaît un réanimateur, qui trace un chemin vers la résurrection. Journaliste à Libération, Robert Maggiori expliquait dans ces pages, la semaine dernière, comment la presse quotidienne, «en crise, sinon à l'agonie», pouvait survivre à l'avalanche de l'info gratuite en temps réel. Comment ? En ne confondant pas «comprendre» et «être au courant». En établissant des liens entre des événements apparemment épars. En donnant à comprendre, résume Maggiori, lumineux quand il rappelle l'étymologie du verbe : «Tenir en même temps, saisir ensemble les fils qui tissent la réalité, expliquer les modalités de ce tissage, repérer les relations profondes de cause à effet, etc.» Le simple fait que ce débat puisse se dérouler dans un des quotidiens concernés rend l'issue fatale moins certaine. Saisissons donc la balle.
L'info gratuite, c'est vrai, nous déverse les nouvelles par bribes. Prenons un dossier économico-techno-philosophique du moment : l'offensive des vendeurs de lunettes en ligne, épaulés par le gouvernement, contre le monopole des opticiens. Donc, les opticiens bénéficient d'une rente, et en profitent pour grever les comptes de la Sécu et des mutuelles, en imposant des tarifs déraisonnabl