Vous ne connaissez probablement pas Michael Pachter et c'est tant mieux. C'est l'un des plus bruyants analystes de l'industrie du jeu vidéo, spécialité qu'il cultive au sein de Wedbush Securities, entreprise californienne de services financiers. Le métier de Pachter ne consiste pas à réfléchir à un meilleur futur pour l'industrie qu'il radiographie chaque jour, mais à défendre les intérêts de ses clients, actionnaires petits et gros, auxquels il vend ses conseils en investissement. La raison d'être d'un Pachter, c'est de trouver les moyens de faire des profits rapides. Sa technique, c'est une réflexion forcément à court terme puisqu'il faut avoir l'air de la renouveler tous les six mois. S'être régulièrement fourvoyé dans ses prophéties ne l'a pas empêché d'être influent et souvent même toxique. A sa façon, c'est une sorte de troll de la sphère des jeux vidéo, dont les interventions suscitent presque immanquablement la rage, le rire ou la consternation. Exemple, la synthèse de sa dernière note aux investisseurs : «Nintendo devrait abandonner la Wii U.»
C'est typique du style Pachter, dissimulant le conformisme cruel du capitalisme financier qu'il promeut sous un verbe iconoclaste, un ramage incorrect : «Voyez comme je blasphème !» Profitant des mauvais résultats publiés par Nintendo, dont les objectifs de vente de la Wii U n'ont pas été atteints en 2013, l'analyste suggère à la maison Mario une retraite tactique en forme de débâcle stratégique : stopper la p