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Chronique

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Apportons donc ici une contribution toute personnelle. Et allons droit au but. Le journal a-t-il raté son virage numérique ?
publié le 16 février 2014 à 18h56

Et soudain tout s'accélère. Une rédaction s'insurge contre des actionnaires visiblement largués, met en scène cette insurrection dans ses colonnes, vire son directeur, et découvre en même temps son pouvoir collectif (lire page 30-31) et sa vertigineuse précarité, car voilà le précipice qui soudain se rapproche, voilà ce journal incarnant soudain à lui seul la crise de la presse papier face au numérique, de la presse quotidienne face à l'info continue, de l'info professionnelle face à l'info citoyenne, et en prime la crise de la gauche face à tous les printemps autoproclamés qui gonflent (un peu) les voiles de la presse de droite. Au total, c'est beaucoup pour une seule apocalypse. Et voilà, dos au mur, qu'il faut se réinventer une place parce que visiblement on l'a perdue, sa place.

Apportons donc ici une contribution toute personnelle. Et allons droit au but. Le journal a-t-il raté son virage numérique ? «Totalement raté, bande de ringards», piaille la basse-cour de Medialand, derrière Ledoux et Demorand. «Plus numériques que nous, tu meurs», ripostent les insurgés, vexés. Mais le débat ne se situe pas où on le place. Papier ou numérique, ce n'est pas seulement un choix de mode de diffusion. C'est surtout le choix de l'écosystème, dans lequel on va aller chasser ses proies : infos, idées, débats. On peut certes refuser le numérique. Mais alors il faut le refuser en bloc, comme le Canard enchaîné, et se préparer à mourir avec sa génération de lecteurs. Si au