De mémoire syndicale, c'est sans précédent : le service français de l'agence de presse Reuters a voté à 95,12%, vendredi après-midi, une motion de défiance contre sa direction de la rédaction. «D'habitude, c'est une entreprise qui ne fait pas de vagues», note un journaliste de cette agence généraliste, comme l'Agence France-Presse (AFP), et financière, comme Bloomberg - c'est même le cœur de métier de sa maison mère, le groupe Thomson Reuters. «Avec ce processus de défiance, on espère un électrochoc», avance Patrice Mancino, délégué du Syndicat national des journalistes (SNJ).
«Exsangues». «Destructions d'emplois, services exsangues, logique comptable sans vision éditoriale» : le titre de la motion liste bien des doléances. Depuis début 2013, l'agence a vu ses effectifs, un peu moins de 90 salariés, réduire comme peau de chagrin. Près d'une dizaine de CDD, arrivés à terme dans le courant de l'année, n'ont pas été reconduits. «Pour nous, c'est équivalent à onze suppressions de postes», argue un journaliste. Deux départs en retraite et un licenciement n'ont pas été remplacés. Le tout avec «des moyens en constante diminution», déplore la motion, qui évoque des budgets piges et reportages rognés. Aujourd'hui, c'est carrément le service sports qui ferme : ses trois postes disparaissent dans le cadre d'un plan social en France, alors que 3 000 postes sont supprimés au niveau mondial. Le problème se p