Le conseil de surveillance vient de commencer, ce mercredi 20 février, lorsqu'un administrateur de la SAIP, la société anonyme qui contrôle Libération, s'adresse à Philippe Nicolas, directeur général de Libé. «Nous voudrions avoir une discussion entre actionnaires, sans les membres du directoire.» La demande sidère plusieurs personnes dans la salle. La surprise se lit sur les visages. Il quitte la pièce. L'un des commissaires aux comptes demande alors, la voix un peu sèche : «Nous aussi ?» Pas de réponse. Il répète. «Nous aussi ?» Un avocat, venu avec les actionnaires de Refondation, société regroupant les principaux actionnaires du journal, répond : «C'est sans vous, oui, vous sortez.» La suite se déroule alors dans une atmosphère étouffante et les récits de plusieurs participants permettent de raconter comment, en quatre heures, deux actionnaires ont fait main basse sur Libération.
Dans un premier temps, le directeur général, Philippe Nicolas, est débarqué. Il n'est pas présent dans la pièce, n'avait pas été prévenu. Selon plusieurs sources, il a été débarqué, parce qu'il considérait qu'il était nécessaire, pour protéger Libération, de mettre l'entreprise sous la protection de la loi. C'est-à-dire d'envisager un redressement judiciaire, qui permet d'ouvrir une période d'observation pour préparer un plan de continuation ou de cession. Cela se traduit, aussi, par la nomination d'un administrateur judiciai