Ainsi donc nous serions des nazes des Internets. Des coincés de la souris, des handicapés du bimédia, des ratatinés sur le papier, des estropiés du tweet, des inadaptés du numérique, nous ne serions pas un réseau social, voyez-vous, «étriqués» et «ringards» que nous sommes, pour reprendre les termes de Bruno Ledoux, actionnaire de Libération. Certains se sont mépris sur la une du 8 février «Nous sommes un journal», arguant que «journal» signifierait papier. Or non. Sur le Web, sur mobiles, sur tablettes, gravés dans la pierre, voletant dans le cloud ou pyrogravés sur des ronds de serviette (heu, c'est un exemple, hein, pas un business model), journal nous restons.
On vous l'a déjà dit en ces pages : Libération c'est, en 1995, le premier site internet de la presse française. Le premier cahier multimédia, celui du vendredi, excusez du peu. C'est aussi, à la fin des années 90, la première rubrique Médias qui se pique aussi de multimédias, comme c'est devenu la norme un peu partout aujourd'hui. Pardon de nous hausser du col, mais c'est aussi à Libération, au mitan des années 2000, que se met en place la première rédaction bimédia, avant que n'éclosent les premiers blogs, avant que les salariés de Libération ne débarquent sur Twitter. On recense ainsi aujourd'hui plus de 140 comptes Libération, dont certains richement dotés - en followers, bien sûr. 56 000 abonnés pour le premier d'entre eux, celui de Jean Quatremer, c