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Libération

Mais l’argent propre, est-ce que ça existe, seulement ?

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publié le 6 mars 2014 à 19h06

La semaine dernière, ici même, sans prévenir, une absence… pas une vacance mais une carence, radicale comme un accident cérébral. Une brutale incapacité d'écrire, une tétanie, pour ainsi dire, tandis que s'accélérait, rue Béranger, le dévoilement de nos nouveaux maîtres, champions du marketing immobilier en paradis fiscaux devenus du jour au lendemain, l'un (Bruno Ledoux) président du conseil de surveillance de Libération, l'autre (François Moulias), président de son directoire (voir Libération «Nous sommes un journal» du 21 février). La présence du second, taiseuse mais physique, quasi poutinienne, lors de notre comité de rédaction du lundi 24 février, donna soudain corps à cet «entre les mains de qui sommes-nous tombés ?» qui hantait nos couloirs. De mauvais esprits y parleraient de putsch ; d'autres, plus nuancés, leur expliqueraient que le coup était parfaitement légal. Le propos de la ministre de tutelle Aurélie Filippetti qualifiant simultanément nos actionnaires, auxquels l'Etat «ne se substituerait pas», de «défaillants», jetterait là-dessus une nouvelle couche d'opacité. Alors, dans l'incapacité de chroniquer comme si de rien n'était, plutôt ne pas chroniquer. Bonjour, merci et pardon à ceux et celles qui s'inquiétèrent de ce silence : ce n'était pas censure, c'était autocensure.

Le monde cependant continuait de tourner, indifférent à nos petites affaires, mais avec, çà et là, des signes nous rappelant que, dedans ou dehor