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Libération
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Contrer l’offensive de la com

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Des journalistes européens face à la crise de «Libération».
par Miguel Angel Bastenier
publié le 11 mars 2014 à 20h46

A la fin du siècle dernier, les signes étaient déjà évidents. Dans la seconde moitié des années 80, la commercialisation des PC se développait et ces deux lettres - pour personal computer («ordinateur personnel») -, exprimaient le futur immédiat et la catastrophe probable pour une grande industrie européenne, celle de la presse écrite. Internet était arrivé, et de manière dévastatrice, déplaçant la lecture du journal vers le monde numérique.

Les Cassandre nord-américains prédisaient la disparition inéluctable de la presse papier. Certains allant jusqu’à donner à l’apocalypse une date si proche que, si les pires pronostics s’étaient réalisés, il n’y aurait déjà plus de presse telle que nous l’avons connue. Mais en Europe, peut-être même plus qu’aux Etats-Unis, la presse avait des racines solides qu’il faudrait du temps pour arracher. En théorie du moins, nous aurions un délai pour nous préparer avant l’hécatombe.

En Angleterre, dans les années 90, les tabloïds et les journaux sérieux étaient déjà dans une situation plus que difficile et cherchaient désespérément à trouver la riposte qui arrêterait la crise, une riposte qui impulsait une presse vaguement sensationnelle plutôt que «à sensation», qui faisait entrer l’appareil photo et le magnétophone dans les alcoves ; et plus celles-ci étaient encombrées, mieux c’était. Je me souviens aussi très bien des problèmes économiques de la presse française, qui n’épargnaient ni les titres chargés d’histoire, ni