Comment expliquez-vous la bonne santé de La Croix?
Dominique Quinio: On a peut-être trois leviers. D'abord, notre offre est une condition de résistance du journal, avec des choix très affinés, qui correspondent à une ligne éditoriale qui choisit des angles, une certaine hiérarchie, des sujets et des impasses aussi, qui nous sont propres. Nous livrons au quotidien une information généraliste avec une tension sur l'information religieuse, qui n'existe nulle part ailleurs. Notre autre force, c'est notre public, très fidèle. Nous avons plus de 80% d'abonnés, et 6000 purs numériques, soit autant que de ventes en kiosque. Enfin, notre actionnariat assez particulier, une congrégation religieuse [les Assomptionnistes, ndlr], qui a décidé qu'un groupe de presse était un groupe de presse. Un actionnariat qui demande à l'équipe de ne pas perdre de l'argent, et en échange, nos bénéfices sont intégralement reversés au journal.
Quelle est votre stratégie sur le numérique?
D.Q.: On est une petite équipe avec peu de moyens. Mon souci, c'est de ne pas se laisser fasciner par l'outil numérique. On ne veut pas se laisser prendre dans une course à l'immédiateté et à l'exhaustivité sur le site, mais garder nos points forts avec d'autres écritures, plus web. Les usages changent, les lecteurs aussi. Aujourd'hui, on fait travailler l'ensemble de la rédaction en bi-médias. On n'a pas les moyens d'avoir deux équipes de journalistes de qualité. On a depuis le début fait le choix du payant sur le numérique: ce que nous faisons a